Retour sur Terre. (Libre)

(HRP: Pour précision, ce post se déroule quelques jours après mon rp avec Rain)


« Un blue lagoon s’il vous plait. »

Il récupéra le billet et le peu de monnaie que la fille venait de déposer pour payer le cocktail et empoigna le shaker d’une main et la vodka de l’autre, lançant la bouteille en l’air et refermant le placard d’où elle venait pour la rattraper après que celle-ci ai fait quelques pirouettes. Des acrobaties parfaitement inutiles quand on regardait bien, mais qui étaient toujours bien sympathiques à faire devant la clientèle, surtout lorsqu’on travaillait au black dans un bar qui se voulait cool. Un mouvement pour ouvrir le shaker et débuter cette sorte de rituel qu’il connaissait déjà depuis un bon moment. Savoir faire la bonne boisson avec les bons dosages et le bon geste, c’était un argument important si l’on souhaitait travailler dans ce genre d’établissement, mais qui n’était disponible qu’après beaucoup de pratique et de verre brisé.

Il versa le mélange dans un verre à martini qu’il fit glisser vers la cliente qui le remercia et retourna s’asseoir avec ses amis dans le fond du bar. Il avait l’habitude de travailler ici ; les employés avaient tendance à avoir des emplois du temps assez chaotiques pour des raisons plus ou moins nettes et il était régulièrement appelé pour faire un remplacement d’urgence pour une partie de la journée, voire pour un bref créneau horaire, ce qui était aujourd’hui le cas.
Il vit rentrer celui dont il occupait actuellement la place. Un jeune homme nommé Marco qui devait être légèrement plus jeune que lui, d’origine espagnole, et qui déléguait souvent son travail à Ricco pour avoir du temps à fournir à sa vie de jeune couple. Il ne savait pas trop comment il pouvait financer cela en payant en plus un remplaçant à mi-temps, mais lorsqu’il avait voulu en savoir plus, il s’était heurté à un refus marqué de dévoiler une partie de la vie privée en provenance de Marco.

Mais bon, pour lui, l’essentiel, c’était de toucher sa paye. Et aujourd’hui elle lui arriva des mains de ce cher Marco, dans une enveloppe. 50 euros, pour le temps qu’il avait passé ici, c’était pas mal du tout ! Cela lui faisait un peu d’argent pour se reposer efficacement aujourd’hui ! Sa situation financière s’améliorait considérablement ; on demandait souvent sa présence pour remplacer un serveur ici et son travail du moment payait plutôt bien !
C’est donc l’argent en poche qu’il quitta finalement le bar bondé pour retourner dans le reste de la galerie. Du monde, encore du monde, toujours du monde ; il lui avait bien semblé qu’aujourd’hui allait être une journée pour le moins active, mais il ne s’était pas aperçu qu’autant de monde avait décidé d’aller se relaxer au centre commercial. Avancer était pour l’heure une épreuve de force à laquelle il se débrouilla plutôt bien jusqu’à l’instant précis ou quelqu’un d’autre n’était pas disposé à s’écarter de sa route et se heurta à lui violemment, faisant choir ses lunettes de soleil au sol.

"Oh, excusez-moi, je ne vous ai pas fait mal ?"

Il baissa un peu les yeux pour voir la personne qu’il avait en face de lui. Une jolie fille qui avait tout des coquettes venues en horde dévaliser les boutiques du centre armées de leur porte-monnaie, de celui de leur petit ami ou de leurs parents. Elle avait l’air un peu chétive de son point de vue, ce qui rendait sa question assez comique.

«Ce serait plutôt à moi de m’excuser et de poser cette question ; ça va ? »

Il se baissa pour ramasser ses lunettes et les remettre sur le visage. Décidément, il avait de l’imagination pour choisir les endroits où il conversait avec de parfaits inconnus ces derniers temps ! Il y avait quelques jours il avait démarré une conversation à l’arrêt sur un arrêt de bus, maintenant au milieu de la foule dans un centre commercial, bringuebalé par les gens qui se bousculaient pour aller aux bonnes affaires.

[désolé pour le petit retard au démarrage...]

La personne qu'Azelya avait bousculé au milieu de la foule, qu'elle trouvait vraiment en furie, s'averait etre un homme blond, dont elle avait fait tomber les lunettes de soleil. Elle commençait a se demander si elle n'avait pas fait quelque chose, pour tomber sur des hommes dans les moments qu'elle considérait comme ennuyeux. Pas les pires, après ce qu'elle avait vécu, mais les moins agréables du supportable. Etre en plein milieu d'une foule, un jour de vacances, dans un grand magasin, ou encore perdue dans un autre monde dans une plaine déserte et dangereuse.

"Ce serait plutôt à moi de m’excuser et de poser cette question ; ça va ?"

Elle se demanda un instant pourquoi il lui retournait la question... Avant de se rappeler que la plupart des personnes la trouvait plutôt petite, et pas très épaisse. Voire fragile, pour certains. Et ils ne voyaient heureusement pas les cicatrices, qu'elle prenait souvent soin de cacher sous des vêtements, ou du fond de teint lorsqu'il faisait vraiment trop chaud.

"Bin, euh... Oui, si on excepte les coups de coudes et les compressions des autres personnes..."

Quelques passants aux alentours lui jetèrent des coups d’œils, pas toujours très sympathiques, en l'entendant. Elle les surpris, et leur lança un regard froid, avant de baisser les yeux. Elle avait toujours été très franche, et elle avait reçu déja un bon coup de coude dans les cotes. Sa taille ne lui facilitaient pas vraiment les choses, d'ailleurs.

"Vos lunettes n'ont rien ?"

Elle se garda bien de donner son nom. La salamandre lui avait déja fait remarquer, c'était plutot naïf de sa part, et en fin de compte, elle ne savait pas vraiment a quoi ou a qui elle s'adressait. Ce pouvait être un rêveur, ou un Voyageur, comme elle ! Elle n'en avait pas encore rencontré, et ne savait pas vraiment a quoi s'en tenir pour cet homme. Il avait l'air apparemment normal, mais bon.

Elle se rappela soudain ses bonnes manières, et chercha des yeux un café pas trop bondé où elle pourrai lui offrir un coup a boire (elle en avait les moyens, ses parents étant riches) pour se faire pardonner de l'avoir bousculé et d'avoir fait tomber ses lunettes. En sautillant un peu, elle en aperçu un, dans un coin du fond de la galerie où les passants ne s'attardaient pas trop. "Le petit bonheur"

"Je vous offre un café, pour me faire pardonner ? "

(Et à mon tour de m'excuser maintenant. Je viens de me rendre compte d'un petit truc, j'ai pas l'habitude de faire du rp dans un monde normal et réaliste, donc je mets beaucoup de temps à réfléchir à ce que je mets, tout ça pour te dire de ne pas t'attendre à me voir sortir des postes très rapidement.)

"Vos lunettes n'ont rien ?"

"Et bien, je dirais qu'elles ont déjà vu des jours meilleurs, mais ce sont des coriaces, elles tiendront."

Sa réponse s'était accompagnée d'un petit sourire pour bien montrer qu'il blaguait. Cela pouvait sembler évident, mais il avait déjà pu connaître des personnes qui prenaient relativement mal ce genre d'humour, le confondant généralement avec une forme de moquerie; elles appartenaient en général à la catégorie des personnes les plus détestables pour le jeune homme, on ne pouvait jamais essayer de faire le moindre brin d'humour tirant parti de la situation actuelle sans prendre le risque d'un monstrueux retour de flammes qui avait une fâcheuse tendance à jeter un froid dans les relations. Il espérait franchement que ce ne soit ici pas le cas et qu'elle était ouverte à ce genre de boutade.

"Je vous offre un café, pour me faire pardonner ? "

Et bien... Elle était prompte à la négociation celle-là! On pouvait d'ailleur se demander si notre cher Ricco n'avait pas une touche, même si cela revenait quelque part à aller bien vite en besogne. De nos jour, la foule était la nouvelle forme de jungle urbaine: seule la loi du plus fort y régnait. Royaume du pugilat gratuit et discret, plus personne ou presque ne prenait vraiment la peine de s'arrêter pour se faire pardonner d'être rentré dans quelqu'un, c'était même plutôt l'inverse: bousculez un quelconque passant au milieu d'un bain de foule et essayez de vous excusez, seules des insultes en tout genre vous attendent. Enfin... il ne faisait pas partie de ces dragueurs invétérés possédant des concentrations d'hormones masculines invraisemblables dans l'organisme, mais il avait quand même du mal à refuser lorsqu'une jolie demoiselle comme celle-là lui proposait un verre. Quoi que non, pas tout à fait, il y avait un petit détail qui le chiffonait dans cette histoire d'aller se faire payer un verre.

"Voila une idée intéressante, il y a juste un point sur lequel j'aurais du mal à agréer, c'est sur le nom auquel la facture sera adressée. Mais... si vous êtes vraiment motivée pour payer l'addition, cela pourra toujours se négocier en cours de route."

Il avait flashé sur le même endroit qu'elle pour une simple raison qui était la même que pour la jeune femme: le peu de monde qui avait l'air de s'y trouver. Il allait juste falloir remonter le courrant de la foule en jouant des coudes si ils ne voulaient pas trop traîner. Il se retourna vers Azelya, affichant toujours son sourire jovial.

"Par contre, il vaudrait mieux réfléchir à qui doit se faire pardonner une fois là-bas si on veut encore avoir de la place, vous me suivez?"

Il attendit une réponse de sa part avant d'aller plus loin. Il aurait eu l'air malin si il avait commencé à faire le trajet pour se rendre compte une fois sur place qu'elle l'avait lâché en cours de route, et il aurait eu du mal à lui en vouloir réellement. Elle était celle qui avait proposé certes, mais elle pouvait parfaitement revenir sur sa décision en pensant qu'il avait décidé de répondre ainsi en voyant ici un plan de drague, chose qui n'était absolument pas le cas ici.

Dans l'optique où elle ne changeait pas d'avis, c'était lui qui allait prendre les devants pour se diriger vers la destination en jouant des coudes, et ce sans se soucier le moins du monde des regards de travers qui lui seraient lancés dans le processus; les gens n'avaient strictement rien à faire des autres, et il leur rendait bien la pareille en de telles circonstances.

Après s’être un peu rapproché, il vit un peu plus en détail l’endroit qu’ils avaient ciblé pour aller boire un verre. «Le petit bonheur» avait un propriétaire qui avait opté pour un mélange de teintes bleues comme thème principal, un bleu ciel qui faisait particulièrement coloré. Ricco aimait bien ce qui était coloré, mais il se demanda si les gens n’avaient pas exagéré en concevant la déco dans ce café : des rideaux bleus, des tables bleues, des murs et des portes bleus… Alors oui, il n’y avait pas qu’un seul bleu, mais il y avait peut être un peu exagération sur cette couleur malgré tout ! Sans doute une tentative de rallier de la jeune clientèle ; c’est bien connu, les gamins adorent tout ce qui est suffisamment bourré de couleur pour corriger les problèmes de vue d’un daltonien, et le bleu a tendance à avoir la côte auprès des enfants, la couleur du rêve selon bien des gens.
Pour faire bref, cet excès bleuté (sans doute exagéré par la subjectivité de cette narration prenant pour point de vue un homme préférant le rouge) était très probablement une stratégie marketing qui ne devait pas des masses aboutir au vu de la place disponible malgré la foule ambiante.

Il parvint enfin à mettre le pied en dehors du flux de personnes, n’ayant absolument rien à faire de toutes les irritations qu’il avait pu susciter durant le trajet. De toute façon, tout le monde irritait tout le monde dans un endroit pareil, l’univers entier ne saurait jamais suffire à un homme en terme d’espace, il trouverait toujours un moyen de vouloir dégager quelque chose de son passage. Il se retourna pour s’assurer qu’il n’avait pas perdu cette jolie demoiselle qui avait si gentiment (et innocemment, même si ce détail ne pouvait être prouvé sur le moment) proposé d’aller boire un coup ensembles ; elle avait eu la présence d’esprit de bien se coller à lui pour ne pas se retrouver séparée et avoir à se frayer un passage à sa seule force physique au travers de ce maelstrom infernal constitué par les habitants de Sèrès venus paisiblement savourer leur journée ensoleillée.

Une fois sur place, il ne fut pas bien dur de se dénicher une table libre et en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire sur un ordinateur, les deux protagonistes se retrouvèrent en tête à tête, chacun regardant la carte que leurs prédécesseurs n’avaient pas daigné remettre sur son support. Il y avait un choix qui aurait pu paraître raisonnable au commun des mortels mais que Ricco jugea bien pauvre en comparaison de la richesse de la carte de certains autres établissements ; de toute façon, il n’allait rien prendre qui sorte de l’ordinaire.
La serveuse arriva, un de ces nombreux spécimens que la théorie de l’évolution de Charles Darwin décrit comme étant l’une des dignes descendantes des vaches et autres bovidés tant son expression faciale était animée par le chewing-gum qu’elle mâchait sans retenue, parvenant par on-ne-sait-quel miracle à faire un bruit de mastication assez ignoble, malgré le fait que ses lèvres étaient toujours fermées en dehors du moment où elle demanda sur un ton d’une rare neutralité ce qu’ils prendraient.

°Et bah… Si leurs boissons sont à la hauteur de l’accueil clientèle, je risque de pouvoir faire un procès à une jeune fille pour tentative d’empoisonnement…° songea le jeune homme, se demandant comment de nos jours où la compétition était si importante comment certaines boîtes du genre pouvaient encore permettre à de tels employés de bosser encore pour elles.

«Un café s’il vous plait.»

Une fois la commande passée, Ricco se retourna vers la charmante jeune femme avec qui il se retrouvait donc à boire un café. Puisqu’ils étaient arrivés ici, autant tenter de lancer la conversation, il n’y a jamais rien eu de plus gênant qu’un moment pareil passé en silence.

«Et bien… Rien de tel que de pouvoir se poser tranquillement après une épreuve pareille. Vous avez choisi le bon jour pour aller faire les soldes… Mais... un tel chaos me fait oublier toutes mes bonnes manières, je m’appelle Ricco. »

Il fallait bien qu’ils sachent comment s’appeler s’ils voulaient faire durer une conversation ; certes, ils n’allaient peut être pas en avoir besoin, mais il valait mieux avoir éclairci ce point si jamais l’information était nécessaire à un point précis de la conversation. Il n’était pas parti pour demander le nom de celle qui se tenait en face de lui de façon explicite, le fait de donner son nom était quasiment invariablement une invitation pour que l’on fasse de même en face.

«On m’avait dit qu’il y avait un rush aujourd’hui, mais je n’imaginais pas que c’était à ce point. J’espère que vous avez une idée précise quand à ce que vous êtes venus chercher ici, je n’ose pas imaginer le calvaire que chercher quelque chose au hasard dans les boutiques va être aujourd’hui ! »